Avec le soutien des États-Unis, les milices soutenues par les Émirats arabes unis au Yémen prévoient une offensive terrestre pour prendre la ville portuaire de Hodeïda des mains du gouvernement et des forces armées yéménites dirigés par Ansarullah, a rapporté The Wall Street Journal (WSJ) le 15 avril, dans une action qui raviverait la guerre civile dévastatrice du pays.
«Des sociétés privées de sécurité américaines ont conseillé des factions yéménites sur une éventuelle opération terrestre, ont déclaré des personnes impliquées dans la planification. Les Émirats arabes unis, qui soutiennent ces factions, ont évoqué le plan avec des responsables américains ces dernières semaines», a écrit le WSJ.
L’offensive terrestre vise à tirer parti de la récente campagne de bombardements américains visant les forces armées yéménites (YAF).
Des responsables américains s’adressant au journal ont déclaré que Washington a lancé plus de 350 frappes durant sa campagne actuelle contre le Yémen et affirment que les YAF s’en sont trouvées affaiblies.
Alors que le gouvernement de salut national dirigé par Ansarullah contrôle les régions les plus peuplées du Yémen, y compris la capitale, Sanaa, et la ville portuaire stratégique de Hodeïda, d’autres parties du pays sont restées sous le contrôle des factions soutenues par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite depuis la fin de la guerre civile en 2022.
Selon le plan en cours, des factions du Conseil de transition du Sud (CTS) soutenu par les Émirats arabes unis (EAU) déploieraient leurs forces au nord, sur la côte ouest du Yémen, et tenteraient de s’emparer du port de Hodeïda sur la mer Rouge, ont déclaré des sources yéménites pro-EAU.
En cas de succès, l’opération terrestre repousserait les YAF d’une grande partie de la côte, d’où sont lancées les attaques contre les navires liés à Israël transitant par la mer Rouge.
Les YAF ont commencé à attaquer des navires liés à Israël en novembre 2023 en réponse au génocide des Palestiniens à Gaza par Israël. Peu de temps après, les États-Unis ont lancé une guerre contre le Yémen et les YAF au nom d’Israël.
La prise de Hodeïda serait un «coup dur» pour le gouvernement yéménite dirigé par Ansarullah,«le privant d’une bouée de sauvetage économique tout en coupant sa principale route d’approvisionnement en armes en provenance d’Iran», écrit le WSJ.
«Une offensive terrestre majeure risque de relancer une guerre civile yéménite en sommeil depuis des années et d’entraîner une crise humanitaire, comme ce fut le cas lorsque la coalition saoudo-émiratie a soutenu les forces terrestres locales par une campagne de bombardements», a ajouté le WSJ.
Les responsables de l’Arabie saoudite, qui soutient une autre faction yéménite, le Conseil présidentiel de direction (PLC), ont déclaré en privé qu’ils ne comptent pas participer ou aider à une offensive terrestre au Yémen.
Durant la guerre civile, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, aux côtés des Émirats arabes unis, a orchestré une campagne de bombardements de grande ampleur au Yémen qui a tué près de 15 000 personnes, tandis que la marine saoudienne bloquait les principaux ports du pays, provoquant une crise humanitaire qui a fait des centaines de milliers de morts au Yémen.
En 2018, le royaume saoudien a lancé trois opérations contre Ansarullah pour tenter de s’emparer de Hodeidah, mais en vain.
Les forces d’Ansarullah ont riposté en lancant des attaques de missiles balistiques et de drones sur des villes saoudiennes, frappant notamment un site de stockage de pétrole de Saudi Aramco à Djeddah, menaçant de dévaster la production et les exportations de pétrole du royaume.
Les YAF ont également réagi à l’agression des Émirats arabes unis contre le Yémen en lançant leurs premières attaques de drones et de missiles sur Abou Dhabi en janvier 2022, visant trois camions citernes et une infrastructure d’extension d’aéroport en construction.
Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite auraient coopéré avec la filiale locale d’Al-Qaïda, dite Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), et y auraient recruté des combattants pour les aider dans leur guerre par procuration contre Ansarullah.
Sources : The Cradle traduit par Spirit of Free Speech