Selon un article publié par le quotidien de gauche Haaretz le 12 mai 2025, une étude de la société Ci Marketing indique que 40% des israéliens envisagent de quitter le pays. Ce chiffre reflète un sentiment croissant de malaise attribué à plusieurs facteurs : la guerre en cours à Gaza, les tensions politiques internes, l’instabilité économique et les préoccupations sur l’avenir de la démocratie israélienne.
L’article précise que 60 000 israéliens ont quitté le pays en 2024 sans revenir, soit plus du double du nombre de l’année précédente, avec une majorité de jeunes (25-44 ans) et de familles.
Au sein de la société israélienne, la politique du gouvernement actuel creuse le fossé. Notamment pour avoir renoncé aux 59 captifs israéliens encore détenus à Gaza. La libération du captif israélo-américain Alexander grâce à une médiation américaine l’a exacerbé. La crédibilité du Premier ministre Benjamin Netanyahu est plus écorchée que jamais.
Lors de la manifestation qui a eu lieu samedi dernier, leurs proches scandaient : « Tout le pays sait que Bibi est un escroc », selon Times of Israel.
Shaï Mozes, dont les parents, Margalit et Gadi Mozes, ont été enlevés le 7 octobre 2023, puis relâchés, a déclaré samedi soir que « le véritable ennemi d’Israël n’est pas le groupe terroriste palestinien du Hamas, mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui détruit Israël en tant qu’État juif et démocratique ».
L’avenir de la nature du régime qui s’établit inquiète aussi au fur et à mesure que l’extrême-droite impose sa mainmise sur la vie politique. Elle s’inscrit dans la continuité de la crise des amendements juridiques qui avait éclaté en 2023, avant la guerre.
Les visées messianiques de plus en plus manifestes dans les discours des religieux et de la droite israélienne exacerbent l’incertitude sur cet avenir.
Alors que la plupart des partis haredi refusent sans relâche d’obéir aux décisions prises par la Cour suprême exigeant l’enrôlement des hommes ultra-orthodoxes et menacent de faire tomber le gouvernement.
Force est de constater le désintérêt à l’égard du sort des Palestiniens dans le discours des Israéliens récalcitrants.
Dans la bande de Gaza, la stratégie de l’armée d’occupation pour la seconde phase de l’agression consiste à affamer la population en vue d’un nettoyage ethnique et de son déplacement. Et le sort réservé aux Palestiniens de la Cisjordanie semble être similaire. Des milliers de familles ont été déplacés du nord.
Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la fin de la guerre, voire une solution à deux Etats.
Vendredi dernier, des milliers d’Israéliens se sont rassemblés dans la ville sainte d’al-Qods, « pour un rare rassemblement en faveur de la paix » organisé par une coalition de 60 organisations locales.
En France aussi certaines personnalités juives connues pour leurs affinités pro israéliennes ont opéré un virage après avoir défendu Israël pendant des mois, ignorant le génocide qu’il commet dans la bande de Gaza.
C’est le cas de la rabbine et directrice de la revue Tenoua Delphine Horvilleur. Dans une tribune, elle dénonce la « déroute politique » et la « faillite morale » d’Israël. Elle parle de son « amour » pour ce pays, mais appelle à un « sursaut de conscience » face à la « tragédie endurée par les Gazaouis ».
La journaliste Anne Sinclair aussi a publié un post Instagram où elle se dit « meurtrie » et « déchirée » par l’action d’Israël à Gaza. Elle appelle désormais à un cessez-le-feu et à la levée du blocus humanitaire. En octobre 2024, sur le plateau de BFM TV, la journaliste n’a pas hésité à déclarer que les 50 000 morts à Gaza ne constituaient pas un génocide, mais que l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, elle, avait « des relents de génocide ».
Cette « rupture de silence » est certes considérée comme « extrêmement tardive » par Rony Brauman, qui a été l’une des rares voix juives à avoir dénoncé le génocide dès le début. Il fustige ces « personnalités » qui « ouvrent les yeux » seulement quand la cruauté devient impossible à nier.
Or, pour l’ancien président de MSF, cette cruauté serait fatidique pour Israël. Il prédit la disparition de l’entité sioniste d’elle-même car « c’est un projet diabolique et destructeur ».
Source: Divers